Parce que mieux vaux tard que jamais, vous retrouverez ici le script du premier épisode de notre podcast Violettes sur les ondes.

Cet épisode a été diffusé en septembre 2020 sur Radio Moulins, et vous pouvez le ré-écouter ici. Vous y entendrez les voix de Mihaela, Lise et Claire, qui parlent de Chez Violette, de leur éveil au féminisme et d'empouvoirement.

Vous pouvez lire ce qu'elles se sont dit ci-dessous.

Toutes les références citées dans cet épisode seront regroupées dans un article à part, pour vous permettre de les retrouver facilement.

Bonne lecture !

Générique

Lise :
Salut à toi
Jeune femme, jeune fille, précoce, tardive ou en transition
Mère, grand-mère ou nullipare
Voilée flamboyante, vieille sorcière, guerrière, infirmière
Lesbienne, bisexuelle ou hétéra
Salut à toi
 
Claire :
La mince, la grosse
L’écolo, l’anarchiste, l’apatride
Toi qui es valide ou handicapée
Toi qui sais que ton corps est plein de super-pouvoirs
Salut à toi
 
Mihaela :
Avec toutes les nuances
De ta peau
De tes origines
Sociales, familiales, culturelles
Avec toutes les nuances de tes idées
Salut à toi
 
Lise : On t’a fait du thé, viens
Claire : Les Violettes sont sur les ondes
Mihaela : On va parler féminisme intersectionnel

Présentation des intervenantes

Mihaela : Bonjour à vous, auditrices et auditeurs et bienvenue pour la première émission de Violettes sur les ondes - Le féminisme intersectionnel dans les oreilles, une émission proposée par l’association lilloise Chez Violette. Aujourd’hui autour de la table
Claire : Bonjour tout le monde
Lise : bonjour 
et moi, Mihaela.
 
Mihaela : Dans cette première, nous allons parler de notre militantisme, nos féminismes à nous, du concept d’empowerment et vous présenter nos coups de cœur artistiques et littéraires. Et pour commencer, je vous propose, Lise et Claire, de faire notre météo. Comment ça va?
 
Claire : Eh bien moi, ça va plutôt bien.
Je suis un peu fatiguée parce que j’ai commencé à bosser plus tôt ce matin pour être ici avec vous, mais ça me fait plaisir que ce projet aboutisse enfin.
Je suis très contente.
 
Lise : Je suis plutôt en grande forme. Je me suis levée un peu tôt ce matin, mais pour un truc assez génial. On a fêté l’anniversaire d’une copine sous forme de petit dej'. C’était une première. Etre entourée des femmes bienveillantes, très drôles et assez fantastiques et de scones maison, ça aide à bien commencer une journée. Je conseille à toutes et à tous de commencer ses journées comme ça. 
Et toi, Mihaela ?
 
Mihaela: moi, ça va aussi. Comme Claire, j’ai commencé à travailler plus tôt pour pouvoir être là et enregistrer, mais je suis super contente parce que c’est un projet qu’on mûrit avec Radio Moulin depuis un petit moment. Et donc, je suis super contente qu’on soit enfin là pour enregistrer.
Tout va bien pour moi et j’ai hâte de continuer cette petite heure avec vous.
 
Lise : On a hâte. On a hâte !
 
Mihaela : Exactement. 

Présentation de Chez Violette

Mihaela : Et pour commencer. On se disait que peut être pas toustes les auditeurs et les auditrices connaissent Chez Violette. Claire, peux tu nous en dire plus sur Chez Violette?
 
Claire : Évidemment. 
 
Mihaela : Merci.
 
Claire : Alors, qu’est ce que c’est, Chez Violette ? Pour moi, c’est d’abord un endroit où chacune peut venir passer du temps et échanger avec d’autres femmes, emprunter un livre ou boire un thé, ou tout ça à la fois parce que c’est toujours bien ensemble. Chez Violette, c’est aussi des activités, mais vraiment en tout genre. Il y a des projections de films, des ateliers, que ça soit couture ou peinture ou tout ce que tu veux, des apéros littéraires. Ça, c’est mes préférés. Des petits déjeuners aussi pleins de discussions sur des thèmes très variés. Ça va de l’écologie à la sexualité. Il y en a vraiment pour tous les goûts.
Et si l’activité dont vous rêvez n’existe pas. Il suffit de venir la proposer à une assemblée de l’association et on organise ça sans problème.
 
Pour nous, en tant qu’association, c’est vraiment très important d’être accessible au plus grand nombre alors l’adhésion et la plupart de nos activités sont à prix libre. Donc, il y a un prix minimum, genre rien, et après celles qui peuvent se permettre, donnent plus, pour que toutes celles qui n’ont pas les moyens de se payer, des activités qui coûtent cher, en général à l’extérieur, puissent accéder à ce que l’on propose. L’emprunt à la bibliothèque est gratuit du moment qu’on a adhéré à l’association.
 
On a aussi une friperie solidaire avec des vêtement à prix libre.
 
Au final Chez Violette, c’est surtout des femmes, des femmes toutes différentes et qui ont en commun l’envie de combattre toutes les oppressions, comme le sexisme. Bon, celle là, ça paraît évident, mais aussi le racisme, la transphobie ou la lesbophobie, et toutes les autres qu’on ne peut pas citer parce que malheureusement, il y en a beaucoup trop d’autres.
 
Du coup, quand on est venu nous proposer d’animer une émission chez Radio Moulin, vous pensez bien qu’on était pleines d’enthousiasme. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’on se mette d’accord sur le thème qui serait l’intersectionnalité. Et en fait, ce qu’on voulait, c’était surtout apporter la convivialité et les échanges enrichissants qu’on peut trouver Chez Violette à toutes les personnes qui ne peuvent pas venir nous rendre visite sur place.
 
Mihaela : Merci.

Notre Engagement chez Violette

 
Mihaela : Et à ce sujet? Ça fait longtemps que vous êtes chez Violette ?  Quand avez-vous connu l’association ? 
 
Lise : 
Alors moi, je suis arrivée à Lille il n’y a pas si longtemps. Ça fait trois ans que je suis Lilloise, donc j’ai fait un petit tour d’horizon, un peu, des assos,  féministes notamment, pour découvrir un peu de qui je me sentais proche, avec qui je pourrais être en connivence, on va le dire. Alors ce que j’espérais secrètement, c’est de trouver un lieu hyper sympa avec des gens avec qui je pourrais rire.
 
Ça a été le cas en fait chez Violette. J’ai connu Violette, je pense la première année où je suis arrivée. Pas dans les premiers mois, mais je suis venue à la fameuse fête de fin d’année qui fait date à chaque fois et qui, chaque fois, se finit par des danses endiablées et à des moments qui finissent très tardivement en général. Je connaissait personne et en fait très, très vite, on sent que Chez Violette c’est un lieu hyper accueillant.
C’est à dire que systématiquement, quand je suis revenue depuis, j’ai vu toujours la même chose, des personnes qui vous accueillent, qui vous demandent si vous êtes déjà venue, ce qui vous intéresse, qu’est ce que vous cherchez dans ce lieu, etc. Et de fait, malheureusement, comme peut être les gens qui nous écoutent, moi, je ne suis pas disponible les mercredis pendant les permanences. Je ne suis pas disponible pendant les apéros littéraires et je ne suis pas disponible souvent, quand la friterie est ouverte le vendredi. Alors du coup, j’essaye de venir quand je peux. Souvent, c’est des moments festifs.
J’ai servi des cocktails de Bloody Mary dans des coupes menstruelles pendant la fête d’Halloween. Et puis, j’ai eu la chance de pouvoir recroiser les unes ou les autres dans des manifs à différentes occasions, parce que les réseaux sont assez petits; de proposer quelques petits ateliers qui me tenaient à cœur, des ateliers d’arpentage. 
Je ne fais pas partie des officielles de Violettes parce que je n’ai pas assez de temps à consacrer, j’ai un emploi du temps qui correspond pas trop, mais j’essaie d’être le plus possible et en tout cas, je suis vraiment ravie que ce lieu existe. Voilà. 
 
Mihaela : Le message est bien passé, on va essayer d’ouvrir plus souvent.  
Claire : On fera des apéros littéraires le samedi
Lise : Oui, ou alors je peux aussi m’organiser pour faire des choses.
Mais c’est vrai que c’est bien quand on profite de ce que proposent les autres, ça va dans les deux sens. 
 
Mihaela : Et toi, Claire, comment tu as découvert l’association ? 
 
Claire : 
Moi, c’est beaucoup plus récent parce que je suis arrivée sur Lille il y a à peu près un an, pas jour pour jour mais quasiment.
 
Et bon, j’arrivais, j’étais en stage, je découvrais la ville, donc au début, j’avais juste envie de rentrer chez moi en rentrant du boulot. Et puis, au bout d’un moment, ça allait mieux. Du coup, j’ai commencé à chercher des activités à faire, des gens à fréquenter en dehors du boulot parce que mes collègues de boulot sont adorables, mais c’est pas des gens avec qui je sors le soir quoi.
 
Et du coup, j’ai cherché une association féministe, parce que c’était totalement dans mes centres d’intérêt. En fait, je suis tombé sur Chez Violette, c’est la première association sur laquelle je suis tombée qui avait un lieu, un lieu dit et j’ai pris mon courage à deux mains un soir.
 
Et puis, en quittant du boulot, au lieu de rentrer à la maison, je suis venue et je pensais juste prendre des infos et éventuellement revenir un autre jour. En fait, je suis restée pendant trois heures parce qu’il y avait une discussion hyper enrichissante et il y avait une bibliothèque. J’ai passé trois quarts d’heure à regarder la bibliothèque. Et puis, je suis restée pour la discussion et je ne suis jamais repartie. 
Et du coup, maintenant, je suis une adhérente…
On appelle ça une adhérente active. Je participe aux réunions et j’aide à l’organisation. Encore pas assez à mon goût, j’aimerais bien avoir plus de temps. Je suis déjà très contente de ce que je fais. 
Et toi, Mihaela ? 
 
Mihaela :
Mais moi d’abord, je me rappelle de ta venue.
 
Claire : 
C’est toi qui m’avait accueillie 
 
Mihaela :
Exactement.
Et maintenant, on est là. Comme quoi tout ce que peut offrir Chez Violette
Moi, ça fait bientôt trois ans que je suis Chez Violette.
 
Au début, je venais un peu pour voir, un peu comme vous deux, pour découvrir une association féministe.
 
Et finalement, petit à petit, j’ai commencé à m’impliquer de plus en plus, donc pour devenir aussi adhérente active. Ça fait peut être deux ans et demi ou deux ans, je sais plus, que je m’implique vraiment dans la vie de l’association.
 
Et avant, cela fait peut être 7 ou 8 ans que j’habite à Lille. J’ai fait plusieurs associations et ce que j’ai trouvé Chez Violette, c’est vraiment l’accueil, la convivialité, le partage, la sororité, l’empouvoirement dont on va parler aussi… Mais aussi cette idée que l’on peut débattre, on peut exposer nos idées quand c’est fait dans le respect de l’autre. Il n’y a pas une ligne directrice de ce qu’on doit penser, de ce qu’on doit dire. Évidemment, les pensées transphobes, lesbophobie et ainsi de suite, racistes…  ne sont pas autorisées.
Mais on peut débattre, on peut discuter sur plein de sujets différents. 
Et donc, j’ai retrouvé des personnes qui pensent comme moi, plus ou moins ou pas, mais en tout cas, avec qui on peut discuter, et l’avantage de Chez Violette c’est qu’on peut proposer plein d’activités, ça peut être tout et n’importe quoi du moment qu’on a envie de partager avec les autres femmes. 
Et un autre point qui m’a séduit, c’était la non mixité féminine choisie, ce qui n’est pas très courant à Lille (Claire : ou en France en général), ou en Europe, ou dans le monde. Et donc, j’ai trouvé ça vraiment une force de pouvoir proposer ça, de pouvoir participer à ça, et je me suis dit que ça correspond à mes valeurs et que je dois continuer dans cette association. 
 
Lise : Il y a aussi un point super Chez Violette, c’est que c’est une autogestion qui est réelle, expérimentée et quotidienne. C’est-à-dire que moi, j’ai jamais eu de mauvaise surprise Chez Violette. Quand je suis arrivée, la dimension assez évidente du fait que je partageais la plupart des perspectives politiques sur le féminisme qui était le mien, ça c’était déjà une très bonne surprise, mais derrière, parfois, dans certains groupes qui sont déjà existants, quand tu débarques un peu comme ça, de nulle part, c’est pas toujours évident que cette question de l’autonomie ait du sens, et en fait, si vous n’êtes jamais allée Chez Violette je vais vous faire une description. Vous avez des petits panonceaux absolument adorables qui vous expliquent en vous prenant par la main comment faire pour installer une table et des chaises, comment faire si vous voulez, lors d’un atelier, inviter des gens à boire un thé, si vous voulez lancer le chauffage, si vous voulez fermer le local avec les clés… Ce qui peut paraitre vraiment très bateau quand je le dis comme ça, installer une table et des chaises ça semble compliqué pour personne, sauf qu’en fait ça permet de se sentir en droit de le faire, tout seul, sans poser de question à personne, et surtout dans cette idée qu’on y est tout à fait bienvenue, quelque soit la proposition qu’on a à y faire, à partir du moment où justement on est en accord avec les propositions générales de l’asso, des personnes qu’on a pu rencontre, etc. Et ça c’est hyper rare aussi, c’est à dire que c’est vraiment un lieu qui est très ouvert dans tous les sens du terme. On peut s’en saisir, on peut y faire des choses et on a pas l’impression de déranger quand on fait quelque chose sur place. Et ça c’est assez génial aussi. 
 
Mihaela : Exact. C’est tout à fait ça, c’est ce qui m’a plu aussi, et le fait qu’on essaye de déconstruire les relations de pouvoir entre nous, ça nous aide à déconstruire les relations de pouvoir à l’extérieur, au travail, en famille, mais déjà entre nous y a pas de pouvoir.  Une adhérente qui est là depuis longtemps n’a pas plus de pouvoir qu’une adhérente qui pour la première fois vient à une AG.
 
Claire : Il y a un bureau parce que légalement il faut qu’il y en ait un, c’est une association etc, mais je veux dire, la première fois j’ai débarqué, j’étais au prochain CA. Je suis arrivée un jour, la réunion d’après c’était 2 semaines après et j’étais pas, bon moi dans ma tête je me considérais un peu comme un bébé de l’asso, j’osais pas trop proposer des trucs, mais du moment où j’exprimais mon avis, ça avait autant de valeur que celui d’une autre personne qui était la depuis beaucoup plus longtemps, comme toi Mihaela. C’est vraiment très très agréable. 
 
Lise : J’ai rarement vu des AG avec un respect tel de la parole de chacune autour de la table. C’est à dire que c’est pas juste un principe du « on lève la main avant de parler », c’est que ça se fait de façon très fluide, pas artificielle et c’est un  vrai plaisir parce qu’on s’écoute vraiment. Moi je suis venue à une AG, je crois, pour proposer un atelier,  parce que souvent les AGs sont des moments où je travaille aussi, mais bref. Mais en tous cas, pareil je me suis pas sentie comme un cheveu sur la soupe, j’ai pas eu l’impression de devoir batailler pour dire quelque chose, et au contraire il y a une grande bienveillance. 
C’était le petit moment publicité pour Chez Violette
 
Claire : Mais en même temps, on y est tellement bien qu’on a envie de partager ça avec le plus grand nombre. 
Lise : C’est ça, exactement. 
Mihaela : Et d’ailleurs, venez nous voir tous les mercredis de 18h à 20h et pendant nos autres événements.

Nos parcours féministes

 
Mihaela : Pour revenir un peu avant, avant Chez Violette, avant ce moment là, où on est autour de la table. Comment avez-vous découvert votre féminisme ? Comment vous vous êtes dites féministes ? Quel est votre rapport aux féminismes, à la militance ? A quel moment ça a germé dans votre tête et vous vous êtes dit « Ah bah, à partir de ce moment j’ai mis mes lunettes féministes et je ne peux plus voir le monde différemment. » ?
 
Claire : En y réfléchissant, je pense que dans ma tête j'ai toujours été féministe. J'ai grandit, mon père c’est le seul mec à la maison, j’ai 4 sœurs et une mère, et ça n’abolit pas le patriarcat malheureusement, ça serait bien, mais on est quand même amené à beaucoup d’autonomie. En plus j’ai toujours attirée vers les filières scientifiques, donc évidemment là où il a le moins de femmes. Les maths et l’informatique - 10% de femmes pas plus. Soit on se laisse écraser, soit le féminisme devient vraiment important. Mais en fait j’ai conscientisé ça après le bac. Au début de mes études supérieures où j’ai commencé à plus avoir de temps seule sur internet, du coup, et vraiment j’ai construit ma conscience féministe grâce à internet. D’abord via des blogs, dont je ne me souviens absolument plus le nom, et après via de formidables groupes facebook, dont certains qui ne sont pas en non-mixité, mais qui sont dans un but de pédagogie, où absolument tout le monde est accepté tant qu’on obéit aux modératrices et qu’on est là pour apprendre, et pas dans un but de troller tout le monde. 
 
Quand j’ai eu l’impression que mon féminisme était un peu plus construit, et aussi par rapport aux autres oppressions, le racisme que personnellement je ne vis pas, la lesbophobie tout ça, j’ai réussi, enfin, c’était pas non plus le but de ma vie (rires), j’ai intégré d’autres groupes qui étaient un peu comme Chez Violette, en non-mixité. Ça reste sur facebook, mais c’était aussi très agréable, et puis petit à petit j’ai commencé à avoir envie d’un peu plus militer en vrai en fait, physiquement, sauf que j’étais dans une école en France, et en France, des associations féministes au sein d’une école c’est très rare. Peut être sur Paris, mais moi j’étais en province, donc (rire) il n’y avait pas ça. Et j’ai passé un an au Québec, pour les études. Et là j’étais dans une université, et il y avait une association féministe, et c’était genre le rêve. On était 4, franchement, on était 4, on faisait pas beaucoup d’activités. 
 
Lise : Ouais, mais c’est le Québec. (rires)
 
Claire : Ya des problèmes là-bas aussi, malheureusement tout n’est pas parfait. 
 
Lise : Ouaaais, mais bon…
 
Claire : Mais c’est surtout la première fois que je me retrouvais physiquement, en fait, un peu comme Chez Violette. Bon, on faisait ça dans une salle de classe, y avait pas du tout le cadre, tout ça, mais c’est la première fois que je ressentais cette ambiance de … - c’était une association en non-mixité aussi - cette ambiance d’inclusion et de sororité qui m’a vraiment vraiment beaucoup plu. Et du coup, en arrivant sur Lille, j’ai cherché… D’ailleurs, petite fierté personnelle, en postulant pour le stage qui m’a amené sur Lille, il y avait une case « Hobbies » dans la fiche de renseignement et j’ai mis « féminisme » dedans et j’étais genre trop fière et moi. (Lise : Bravo / rires). Du coup voilà, c’est comme ça qu’après j’ai découvert Chez Violette, j’ai fait mes première manifestation pour le 8 mars cette année, c’était très très cool, et voilà. 
Et toi Lise, du coup ? 
 
Lise : Et bah écoute, c’est pas que je prend un petit coup de vieux, mais on est pas tout à fait exactement de la même génération, c’est à dire qu’internet… si ça existait quand même quand j’étais jeune, mais de fait c’est pas tout à fait les mêmes parcours liés au féminisme. Je pense un peu comme toi Claire, fondamentalement, je crois que… en fait j’ai pas eu l’impression d’avoir eu une révélation à un jour donné, un moment spécifique etcétéra. Ça vient peut être de traditions familiales qui étaient pas hyper marquées, mais en tout cas j’ai une sœur également, et on nous a toujours fait comprendre à ma sœur et à moi qu’en fait on pouvait faire absolument ce qu’on voulait dans la vie. A partir du moment où on avait envie de le faire, donc ce qui est quand même hyper… peut être le principe éducatif le plus émancipateur possible, donc j’ai eu beaucoup beaucoup de chance, en tous cas du côté du cadre familial.
 
Et peut être l’autre chance aussi, c’est le moment où j’ai quitté justement où j’ai quitté la petite ville d’où je suis originaire pour aller faire des études dans une plus grande ville en province aussi (rire). J’adore la province. Hum… du coup j’ai du recréer intégralement un réseau d’ami-e-s puisque j’étais toute seule dans cette ville, et j’ai croisé régulièrement plusieurs femmes, plusieurs jeunes femmes avec qui on avait eu des très très belles discussions, mais c’était pas dans un féminisme militant, c’était plutôt un féminisme assez quotidien. Alors, j’ai eu l’étiquette de la nana qui faisait chier les mecs bourrés en fin de soirée dans les bars et qui leur lâchait pas la grappe et qui regrettaient amèrement d’avoir fait une petite remarque déplacée. (rires) Et en fait, au fur et à mesure je me suis rendue compte… j’y ai réfléchit en fait quand on a un peu préparé l’émission, et je me suis rendue compte qu’il y avait toujours cette question de l’étiquette, ou de la chose portée vers moi, sans que j’ai l’impression spécialement de faire des déclarations enflammées, ou des discours passionnés en permanence.
Mais justement, quand j’ai changé de boulot récemment, donc quand je suis arrivée à Lille, je me suis rendue compte que les collègues qui ne connaissaient pas personnellement, parce que j’avais été recrutée, partaient du principe que j’étais féministe, et que c’était une évidence en fait, et je me suis dit « Ah mais, alors attend, qu’est ce que j’ai dit ? Comment ça s’est passé ? »
 
Claire : Comment ils ont compris ça ?  
 
Lise : Ouais, et puis… ok, bon… en même temps, moi ça me pose aucun problème, ça a l’air de poser de problème à personne donc voilà. Et en fait, pendant des années, moi j’ai … On a monté une asso avec des copines, mais qui était pas sur des perspectives féministes, en tout cas militante dans la droite ligne, avec forcément une sensibilité un peu de cet ordre, qui était plutôt du côté d’organisation culturelle ou artistique, et j’ai senti justement en arrivant à Lille, que c’était fantastique, j’y avais fait plein de choses, mais que j’avais besoin d’autre chose en fait, pour moi personnellement, et que toutes les discussions que moi je pouvais avoir de façon un peu informelle avec les femmes qui m’entourent, avec les proches, j’avais besoin qu’elles prennent corps un peu autrement, et… J’ai pas attendu d’arriver à Lille pour faire des 8 mars ni des marches de nuit, mais voilà… Mais ça m’a donné, en fait, vraiment des perspectives, et la militance s’est fait là, depuis 3 ans, donc c’est tout récent, en fait, c’est tout jeune vu mon grand âge (Claire : Ohlala ). Mais ça me permet toujours et systématiquement, c’est ça dont j’ai besoin, c’est d’être hyper stimulée par le fait d’avoir des conversations avec des gens avec lesquels je partage pas à priori toutes les opinions.
 
Donc j’ai trouvé ça chez Violette, également dans l’autre asso / organisation dans laquelle je milite, qui est les planning familial. C’est de rencontrer des femmes de plein d’origines, de plein d’âges différents, qui ont des pensées avec lesquelles parfois je suis un peu mal à l’aise mais qui m’obligent à remettre en question systématiquement la belle assurance avec laquelle je me drape parfois quand je suis très sûre de moi sur certaines thématiques ou certains sujets. Et voilà. Le sens principal, je pense, de mon parcours féministe, c’est très très tôt avoir compris qu’en fait juste écouter les gens quand ils te parlent d’une expérience personnelle ou d’une opinion qui est la leur, en fait ça fait déjà beaucoup. Voilà. 
 
Et toi Mihaela ? 
 
Mihaela :En réfléchissant là, je pourrais dire que j’étais militante féministe depuis mes 16 ans, même si à l’époque, je me disait pas militante féministe. J’ai commencé à co-animer une association dans la ville dans laquelle je suis née et j’ai vécu qui était une association destinée aux droits des jeunes et des enfants, et qui avait un pôle destiné aux jeunes femmes, et donc là on a commencé à faire plein d’événements autour de ça, autour de l’égalité femme-homme, autour des féminismes, même si je pense qu’on n’utilisait pas forcément le mot. Je faisais des formations peer-to-peer, donc d’égal à égal, sur l’égalité femme-homme, sur les droits des femmes, sur les discriminations, sur le viol, sur le consentement, et donc là, je me rend compte que j’ai eu beaucoup de chance de tomber dans ce milieu assez jeune. Parce que je ne l’avais pas forcément cherché, mais je voulais m’investir dans une association et c’est arrivé que, dans cet association là il y avait aussi des valeurs féministes qui étaient très fortes.
 
Et donc, voilà, c’est là que j’ai découvert faire des manifs, faire des luttes, organiser des manifestations, on a organisé aussi un théâtre social, qui était autour de ces thématiques là, donc très très jeune, j’ai baigné là-dedans. Et ça a été extrêmement enrichissant pour moi, du point de vue de construire mon militantisme, et aussi de rencontrer des personnes qui ont des origines différentes, qui ont une orientation sexuelle différente, qui sont des personnes trans par exemple… 
Et chose que je n’avais pas dans ma famille ou dans mon milieu d’ami.e.s très proche, mais que j’ai découvert là-bas. Et donc, ensuite, en ayant vécu dans différents pays, j’ai été dans plusieurs associations, et ça a été toujours un peu un fil rouge dans ma vie… Et maintenant en étant Chez Violette, ça continue ! C’est vraiment quelque chose qui m’est personnel mais que je n’ai pas réussi à exprimer tout de suite, et d’ailleurs c’est un peu comme toi : ce sont les personnes autour de moi qui m’ont dit « Ah toi en tant que féministe, qu’est-ce que t’en penses? » Ce qui est problématique aussi, parce que je ne représente pas toutes les féministes. 
 
Claire : on te posait une étiquette féministe…
 
Mihaela : Voilà on me posait une étiquette et je devais réagir à tout ce qu’il se passait dans le 
monde, l’actualité, en tant que féministe. Donc voilà c’était un peu comme ça, mais maintenant je le revendique, je le mets sur mon Linkedin, sur mon CV, j’en parle quand je fais des entretiens, je le dis systématiquement. D’ailleurs, ça peut être un conseil pour les auditrices qui nous écoutent et qui ont envie de le dire : ça peut être très facile de le dire quand tu es dans une association. Si tu fais partie du Planning familial, ou de Chez Violette, forcément on te catalogue comme féministe, il n’y a pas besoin de l’exprimer. Mais moi je suis pour l’exprimer pour deux raisons : si quelqu’un, une entreprise, ne veut pas parler avec toi parce que tu es féministe, bah… c’est peut-être pas la peine non plus. 
 
Claire : Est-ce que tu as vraiment envie de travailler avec eux ? (rires)
 
Mihaela : Exactement, après parfois y’a des situations où tu es obligée de travailler, donc là c’est autre chose. 
 
Claire : C’est sûr. 
 
Mihaela : Mais si on a le choix, moi je préfère le dire. Donc voilà c’est un peu comme ça que ma vie a cheminé dans le monde du féminisme. Et maintenant j’ai l’impression de ne jamais faire assez ! De toujours devoir faire plus ! 
 
Claire : Ça c’est terrible ça !
 
Lise : Je pense qu’on est nombreux et nombreuses dans ce club fantastique du « je pourrais faire tellement plus! »
 
Claire : « je pourrais consacrer toutes mes soirées pour venir chez Violette… » (rires)
 
Mihaela : même en dehors de Chez Violette, de temps en temps je fais des interventions sur l’égalité femmes-hommes, je ne dis pas féminisme car il y a encore des a priori sur ce sujet, mais parfois je fais des interventions dans des entreprises que je connais, ou des amis qui m’appellent et à chaque fois je me dis qu’il y a encore des choses à faire, on n’est pas au bout ! Si je me limite à mon cadre familial, amical, et Chez Violette, j’ai l’impression que le monde est hyper égalitaire ! (rire général) J’ai l’impression que tout se passe bien ! Et dès que je fais un pas à droite et à gauche… d’ailleurs on en avait parlé avec Claire à plusieurs reprises, quand on rentre dans certains milieux, c’est plus du tout ça, il n’y a plus du tout d’égalité, mais des blagues sexistes et racistes… Voilà, toujours l’impression de ne pas faire assez, et en même temps j’ai eu un autre blocage en arrivant en France : comment être militante dans un pays qui n’est pas le tien ? Comment arriver en donneuse des leçons etc… Enfin maintenant je me suis calmée là-dessus…
 
Lise : Ah non mais tu peux ! Je trouve que c’est bien en fait, parce qu’on oublie aussi parfois à quel point des choses sont problématiques au sein même d’une organisation étatique ou municipale, et souvent ce sont des petites choses auxquelles on ne pense pas forcément. Ça me fait penser à quelque chose que je voulais évoquer initialement : quand je retourne dans la ville d’où je viens originairement, je croise une amie, qui me propose d’aller boire un thé chez elle, et on discute, on passe un long ensemble c’est hyper chouette, on ne s’était pas revues depuis 3 ans parce qu’elle était partie faire ses études dans une autre ville que la mienne, et voilà on discute « j’ai fait de l’espagnol, j’ai super envie d’être prof », je réponds « moi aussi mes études sont géniales, j’ai très envie de devenir prof aussi », jusqu’au moment où je réalise que ce qu’elle me dit en creux, c’est qu’elle ne sera jamais prof. Et qu’elle ne pourra jamais être prof en France, parce que pendant ces années où elle a menée ces études hors de sa famille, elle a choisi de porter le voile (pour des raisons personnelles, religieuses) et de fait : c’était incompatible avec la carrière qu’elle rêvait. C’est un moment qui date, et il y avait un petit côté naïf de ma part quand je réalise ça, parce que c’était une copine avec qui j’avais passé tout le collège, le lycée. Mais c’est aussi un moment où je me suis rendue compte que le rêve de devenir prof qui était le mien (ça ne parlera pas forcément à beaucoup de monde), c’était assez terrible quoi. Ça veut dire que, l’État français qui accueille tous et toutes, la méritocratie, l’espèce d’ascension à la française, le fait que tout le monde peut intégrer la société à partir du moment où il a envie de s’impliquer dans un cadre etc… Elle, jeune femme française, brillante, avec un parcours tout à fait comparable au mien, n’allait pas avoir le même avenir que le mien, du fait d’un choix personnel, mais qui était constitutif de ce qu’elle était. Donc tu vois quand tu disais qu’il y avait encore des critiques à faire à la France… Bon c’est une autre question, on pourrait faire un épisode sur ça… ou pas (rires). En tout cas voilà il y a des petits moments comme ça au quotidien qui rappelle que quelque chose qui semble lointain, assez fluide, pose problème et c’est toujours bien de regarder les choses avec un œil qui n’est pas le sien, centré.
 
Mihaela : Par contre je me rends compte de la chance que j’ai eu de connaître les féminismes à travers les pays où j’ai été, mais en fait c’est pas si différent que ça, le patriarcat il est partout pareil. Et tu vois en tant qu’étrangère, l’image que j’avais de la France, le pays de l’égalité, où tout se passe tellement bien, et en plus j’étais dans un lycée français quand j’étais jeune, donc j’ai grandi un peu avec la culture française, les valeurs de la République. Et en fait quand tu arrives tu te rends compte que l’inégalité sociale, elle est là, le racisme, il est là, l’inégalité femmes-hommes est là, le validisme… Donc voilà, tu te dis que ce n’est pas tout rose, même si au collège, au lycée c’est ce qu’on nous disait, dans les livres etc… 
 
Claire : c’est une version biaisée de l’Histoire de toute façon…
 
Mihaela : Tout à fait. Mais, je suis contente de cette richesse d’avoir pu rencontrer d’autres personnes, de différents pays, mais… je vous rassure je me suis calmée sur le petit complexe que j’avais de « comment militer dans un pays étranger ». Je suis contente d’être en France. 
 
Lise : Et on est contentes que tu milites ici ! (rires)
 
Claire : tu m’ôtes les mots de la bouche !
 
Lise : Tous les lillois et les lilloises sont contents !
 
Mihaela : On verra après l’émission ! (rires)
 
Lise : La France entière même !
 
Mihaela : Claire, est-ce que tu veux nous dire quelque chose par rapport à ton militantisme ? 
 
Claire : Oui, je vois que tu as remarqué mon regard perplexe de tout à l’heure parce que j’ai oublié de parler de quelque chose que j’avais aussi appris sur internet. Dans le générique, on a parlé d’intersectionnalité, on en reparlera sans doute plus en détail dans un prochain épisode, mais à la base c’est : l’interaction entre deux oppressions que peuvent subir certaines personnes. Par exemple, être une femme ou être noire, ou alors comme ton amie, être une femme et porter le voile. Ça crée des nouvelles problématiques qui sont à l’intersection de deux problèmes en fait. Et peu à peu j'ai construit mon féminisme, plus seulement un féminisme qu'on appelle blanc qui est le féminisme le plus représenté en France, qui est juste le féminisme qui parle des problèmes des femmes mais aussi un féminisme qui est plus intersectionnel dans le sens où quand je dis que je suis féministe, je dis pas que je veux me battre seulement .. c'est quand même la moitié de la population (rires) mais pas seulement pour les femmes, mais aussi pour les femmes noires, pour les femmes grosses, pour les femmes qui ont un handicap quelconque, pour les femmes qui portent le voile... déjà on parle pas beaucoup du féminisme mais alors tous ces problèmes sont totalement ignorés voila merci. 
 
Et dernièrement j'ai lu un livre qui m'a beaucoup conforté, qui m'a un peu rappelée ces problématiques. Le livre s'appelle Stone Butch Blues de Leslie Feinberg, il raconte en fait le parcours de Jess qui est une lesbienne butch donc une lesbienne qui a un aspect plutôt masculin, qui est probablement non binaire et ça se passe dans les années 40-50 j'avoue que j'ai oublié la date, désolée. Mais à un moment, l’héroïne rencontre les femmes qui lancent un peu le début du mouvement féministe et elle se fait totalement rejetée du mouvement féministe parce qu'elle a une apparence d'homme, parce que à l'époque elle était en relation avec une lesbienne qui était très féminine, elle elle était très masculine et du coup les autres femmes l'accusaient en fait de vouloir juste continuer le patriarcat. 
 
Elle raconte comment non seulement elle, mais aussi sa copine qui était très féminine, se sont faites totalement rejetées du mouvement. Ce livre m'a vraiment bouleversée et je vous encourage à le lire. J'ai trouvée ça vraiment très parlant et très choquant parce que le problème c'est qu'elle raconte ça c'était il y a 50 ans, 60 ans, mais je suis sûre que ça arrive encore de nos jours, enfin ça a particulièrement raisonné avec l'actualité. 
 
J'aime beaucoup lire et ça a particulièrement raisonné avec l'actualité par exemple avec les sorties de J.K. Rowling, l'autrice d'Harry Potter, qui a fait des sorties très très transphobe dernièrement, même un manifeste transphobe, j'étais totalement horrifiée. J'ai le privilège de vivre aucune oppression donc peut être que des fois j'ai un peu tendance à l'oublier mais ça m'a vraiment fait une grosse piqûre de rappel. Je veux vraiment me battre pour tout le monde en fait et pas juste pour les femmes blanches aisées, catholiques ...etc. Donc voila !    
 
Mihaela : Merci ! Donc en effet on s'est retrouvées sur ces valeurs là  pour cette émission. Ce qui est défendu Chez Violette c'est de lutter contre toutes les discriminations, toutes les oppressions qui peuvent exister et pas que se limiter à ce que nous on subit. Merci de l'avoir précisé.
 
Claire : Merci de m'avoir permis de redire ce que j'avais oubliée.
 
Lise : Et là vous êtes fantastiques! 

Chronique Artistique : The Diner Party, Ramaya Tegegne

 
Mihaela : Merci ! Et la transition est parfaitement prête, parfaitement faite plutôt parce que Lise voulait aussi nous parler d'un coup de cœur artistique. Lise de quoi as-tu envie de nous parler aujourd'hui ?
 
Lise : Alors, j'avais très envie de façon générale, moi j'aime beaucoup parler de créatrices, de femmes artistes ou d'autrices qui sont pas très connues un peu invisibilisées. Plus encore si elles sont toutes jeunes et justement qu'elles n'ont pas fait partie de cette première vague des féministes des années 70 et plus encore, quand ce sont des femmes racisées  et/ou lesbiennes et/ou en situation de handicap et/ou voilées voila les qualificatifs peuvent être nombreux.
 
Alors on verra si c'est pas trop pourri, je le referai peut être une prochaine fois, vous me le direz, n'hésitez pas à faire des retours, j'avais envie de vous parler d'une artiste qui s'appelle Ramaya Tegegne, c'est une artiste Suisse qui a 35 ans, qui a un travail à la fois de performance, d'installation, un peu comme de la sculpture si vous êtes pas très familier avec ce terme. 
Et puis également de petites éditions d'artistes donc elle est militante et membre de plusieurs collectifs et elle circule ou elle vit entre Genève, Bale et Cologne. C'est une femme qui a fait ses études entre la Suisse et les Pays-Bas.
J'ai envie de vous parler un petit peu de son travail en général mais surtout d'une oeuvre en particulier que je vais vous décrire, je vais essayer de faire ça à peu près bien pour que ce soit assez visuel quand vous écouterez et que vous ailliez envie d'aller voir un petit peu son travail. 
 
Dans son travail , elle s'est beaucoup intéressée à la façon dont la parole peut circuler, à la fois dans les réseaux et les cercles de relations. De façon informelle ou de façon un peu plus socialement construite et notamment dans les réseaux artistiques puisque c'est le réseau auquel elle appartient puisqu'elle a fait des études d'art. Elle s'est rendue compte que ces réseaux étaient aussi des cercles de pouvoir, des cercles d'exclusions et de représentations et qu'il y avait un jeu très très fort de domination qui pouvaient s'y mettre en place systématiquement au quotidien et de façon récurrente. 
Et elle décide à un moment de sa vie, il n'y a pas très très longtemps puisqu'elle a 35 ans, de rejeter ce qu'on va demander à une jeune artiste, c'est -à-dire de se rendre à tous les vernissages et de faire le job quoi, d'aller serrer des mains, papoter "ah en ce moment je fais un truc absolument génial, c'est merveilleux, faudrait que je t'en parle, faudrait qu'on se voit" pardon (rires). Et par ailleurs j'adore l'art contemporain, c'est ce qui me permet d'en parler avec cette voix très désagréable. En fait, c'est pas tant qu'elle refuse ça par principe, mais aussi parce qu'elle préfère consacrer du temps et de l'écoute aux échanges qui sont des échanges amicaux, des échanges interpersonnels plutôt qu'aux cotés un peu artificiels de certains échanges publics. 
 
Dans cette veine là, elle présente dans une expo récente une œuvre qui s'appelle " The Diner Party", si je le traduit très mal, ça veut dire un peu le repas de fête pour le dire en français. Cette œuvre prend l'apparence de grandes tables de cantines ou de restaurants communautaires, ça ressemble un peu si vous avez fréquenté des RU, à un RU ou à une cantine d'entreprise ou éventuellement à certaine cantine d'hôpital. Elle met en place ces grandes tablées avec des assiettes parce qu'elle se demande qui est invité.e à la table. À la fois de façon très concrète mais aussi de façon symbolique, qui peut prendre la place autour de ces six grandes tables. A chaque fois il y a 4 mangeurs ou mangeuses, c'est toutes des mangeuses mais elle se demande qui en fait peut prendre place à cette table, qui est légitime et qui si sent à l'aise. Ces tables, ce sont pour elle des lieux de coopérations, de conversations aussi, des lieux de partages de savoir et de co-construction de savoir et aussi des espaces de collaborations. 
 
Elle a envie de faire un petit peu comme elle en rêve donc elle imagine que sont présentent à ces tables, des militantes, des artistes et des autrices. Uniquement des femmes, uniquement des personnes avec qui elle aimerait manger. Des femmes puissantes, qu'elle admire, qui l'inspirent, dont elle a un petit peur, peut être qu'elle a un petit coté fan absolu pour certaines femmes mais, en tous cas, elle a envie de ça. 
Un peu comme quand on imagine  avec qui on aimerait passer un petit diner rêvé. Alors je vous poserai la question, les filles, je vous laisse 2 minutes pour y réfléchir. Top chrono à partir de maintenant. 
Si vous aviez trois femmes ou trois personnes avec qui vous rêveriez de passer une soirée, un super diner... Qui ? 
 
Ramaya Tegegne imagine justement cet espèce de repas rêvé. Sur la table, il y a juste des assiettes, il n'y a pas de couverts, il n'y a pas de nappe, il n'y a pas de verres, il y a juste des assiettes posées qui marquent la place. Et elle imprime sur ces assiettes des extraits de texte, des extraits de conversations, de discours. Et à chaque fois ce sont des paroles qui proviennent de femmes racisées, féministes et militantes. Au lieu d'avoir, comme des sur les assiettes, moi il y avait ça chez ma grand-mère, des proverbes moisis ou des blagues un peu pourries, des caricatures un peu nazes, elle invite, au contraire, à la table les mots qui la portent mais aussi symboliquement les femmes qui ont écrit et qui ont forgés ces mots et qui ont eut le courage de dire ce qu'elles ont pu dire. 
 
Alors c'est aussi un petit clin d’œil, un peu rageux au féminisme blanc bourgeois et à l'espèce de groupe d'artiste féministe états-uniens, occidental des années 70, parce que  ça fait référence à une autre œuvre qui a exactement le même titre, qui s'appelle "The Diner Party" qui avait été créée par l'artiste Judy Chicago mais aussi un collectif de 400 femmes alors très souvent on l'oublie et elle même l'oublie qu'elle l'a pas fait toute seule. Dans cette première œuvre 40 ans plus tôt, dans les années 70, elle se proposait de représenter un ensemble de 1038 femmes soit uniquement par leur nom, leur signature au sol, soit par une série d'assiettes qui chacune représentait une personnalité artistique, philosophique, historique qu'était une femme importante. 
 
Alors pourquoi est ce que Ramaya Tégégné fait un petit coup de coude à Judy Chicago ? C'est parce qu'en fait, sur cette table il n'y avait pas de femmes racisées enfin presque, il y en avait 2 ... sur 1038 (rires)
Petit commentaire que j'adore d'une artiste africaine-américaine qui s'appelle Lauren OGrady qui est à peu près de la même génération. Elle a dit , bah super en fait, une des seules invitées noires , Sojourner Truth qui est une militante pour l'abolition de l'esclavage aux États-Unis. Donc Lauren OGrady l'artiste dit, Sojourner Truth, la seule invitée noire doit faire sans chatte, puisque en fait chaque assiette représente un sexe féminin en fait, une vulve. La seule assiettes ou la représentation n'est pas une vulve mais une espèce de femme un peu tribale exotico sympatique...
 
Claire : Oh la la! 
 
Lise :  c'est celle de Sojourner Truth qui était quand même militante pour l'abolition de l'esclavage.  Donc voila, ça a été très commenté, très discuté si vous avez envie de vous intéresser, vous le ferez mais en tous cas, vous voyez à quel point en appelant cette œuvre là " The Dinner Party" Ramaya Tégégne présente uniquement des mots qui donnent de la force et de la puissance à ces femmes qui cette fois sont invitées à table. 
 
Pour vous donner quelques petites exemples, on peut y lire les mots de l'autrice et militante journaliste Reni Eddo-Lodge qui a écrit un petit bouquin dont on a un petit peu parlé, qui s’appelle « Pourquoi je ne parle plus de race avec les blancs », un super titre et un super bouquin. 
D'une artiste Adrian Piper, qui est une artiste africano-americano-cubaine, et si je raconte pas trop n’importe pas, je vous en parlerais une prochaine fois, parce que j’adore cette artiste. 
De Audre Lorde, qui est une poétesse noire lesbienne. Mais aussi du collectif Mwasi, qui est un collectif afro-féministe français. Et un des petits extraits, justement, écrit sur l’assiette préparée par Ramaya Tégégne que je trouve très très beau, c’est cette phrase « Elles tchipent avec désinvolture au nez des oppressions ». Je trouve ça absolument splendide (Claire : C'est génial ! ), je trouve que ça donne vraiment très très envie. 
 
Ramaya Tégégne imagine un diner un peu plus personnel, hors de la représentation de grandes figures invitées dans un espèce de dîner de gala, et même si c’est une œuvre un peu conceptuelle, peut être un peu aride, si vous aimez les représentations plus reconnaissables, les portraits, si vous êtes sensibles plutôt aux questions de couleurs, peut être vous allez trouver ça un peu sec. Ça peut sembler un peu simple, mais c’est une œuvre qui pour moi est particulièrement forte, puisqu’on se demande vraiment qui est invitée à la table, qui a sa place à la table, et ce que j’aime plus encore, qui a sa place à la table, même sans avoir été invitée. 
Et vous vous, vous inviteriez qui ? Claire, est-ce que tu sais qui est-ce que t’inviterais ? 
 
Claire : Halala ! 
 
Lise : C’est dur hein ! Même je sais pas trop hein…
 
Claire : Elle m’a regardé, pour ceux du coup vous voyez pas, mais elle m’a regardé griffonner des noms comme ça, en vitesse à côté du papier qui est devant moi là. Alors, du coup je réfléchissais là, et ça va refléter ce que je disais de mon féminisme qui est construit sur internet. Si je devais choisir 3 artistes, enfin…
 
Mihaela : 3 personnes
 
Lise : qui tu veux !
 
Claire : 3 personnes, je commencerais par Lexie, qui est une féministe trans qui a un super compte Instagram aggress… J’arriverais jamais à le dire… @aggressively_trans ! Qui fait de la pédagogie. Il y a des témoignages, il y a des points vocabulaire, les choses à ne pas dire, elle déconstruit aussi parfois des commentaires haineux qu’on lui envoie et c’est, c’est terrible à lire et se dire qu’elle en reçoit des dizaines. J’adore vraiment ce qu’elle fait dans les stories, ça me donnerait vraiment beaucoup envie de la connaître. Une deuxième personne que j’aimerais beaucoup c’est la militante journaliste Rokaya Diallo, qui est… bon, elle est quand même assez médiatisée, elle a gagné une tribune dans un journal, je ne sais plus quel journal américain récemment. 
 
Lise : Elle a un super podcast aussi
 
Claire : Et voilà ! En fait, je la connais d’après son podcast, qui s’appelle « Kiffe ta race »
 
Lise : Ouais ! Qui est super !
 
Claire : Qui est absolument génial. Du coup, qui parle de racisme en général, mais c’est absolument fabuleux. Et la troisième, qui est… à chaque fois que j’ouvre Instragram c’est sur elle que je vais voir ses stories, puisque je l’adore, elle me parle beaucoup. Elle s’appelle Cordélia, et c’est une jeune femme qui parle de littérature. Surtout de la littérature jeunesse, SF un peu et un peu fantasy. Mais elle en parle dans une perspective de diversité au niveau de la représentation de genre et de sexualité. Elle a une chaine youtube, on peut y trouver des vidéos du type « 5 romans d’amour avec des personnages gays » par exemple, ou ce genre de choses. Elle fait attention à parler des livres où on a vraiment une grande diversité,. Elle a écrit un livre jeunesse, récemment, qui est une histoire de vampire un peu comme Twilight, mais avec une gamine qui a une maladie chronique. Ca m’a beaucoup touchée. Et il y a un vampire noir ce qui jamais vu dans la littérature, bref… (rires) Et j’adore ses stories, elle me fait beaucoup rire, et elle me touche beaucoup. Voilà, je pense, ça serait les trois personnes. 
 
Lise : Tu nous invite à ton repas ? 
 
(Rires)
 
Claire : pas de problèmes. Mais du coup on dépasse les 4 personnes là 
 
Lise : Mouais… bon… Je fais la cuisine si tu veux. Je me cale dans un coin, j’apporte les plats
 
Mihaela : On viendra même si on est pas invitées, donc…
 
Lise : Et toi Mihaela ? Sachant que je l’ai pas dit, mais moi à mes diners idéaux, chaque fois il y a toujours des morts. Enfin, des mortes…
 
Claire : J’ai fait gaffe à choisir des vivantes. 
 
Lise : Ouais, c’était que des vivantes.
 
Mihaela : Moi, il y a une personne qui est morte récemment. 
 
Lise : Okay.
 
Mihaela : J’ai pensé à Giselle Alimi, qui est morte récemment, qui est une féministe avocate, à l’origine du mouvement de libération des femmes. Pas elle toute seule, mais avec d’autres femmes. Je l’ai découverte, assez récemment, en arrivant en France je la connaissais pas avant. Elle raconte son enfance, déjà à 10 ans, elle avait compris cette inégalité qui existait dans son pays où les filles étaient mariées très jeunes, et donc elle a refusé un mariage, elle a poursuivi ses études. Son histoire m’a bouleversée, en plus ses engagements… Parce que elle s’est engagée aussi auprès des personnes sans papiers. C’était pas qu'un engagement pour les femmes. Sa cause la plus connue et peut être la plus médiatisée, c’était la légalisation de l’avortement. Et le fait qu’elle a défendu une personne qui a été accusée d’avoir fait un avortement illégal à l’époque. Voilà, moi j'inviterais Gisèle Halimi par une séance de spiritisme (rires). Et sinon je vais un peu tricher car je vais faire une petite transition avec ce dont je vais vous parler après. J'aimerais bien inviter une essayiste, philosophe brésilienne qui s’appelle Djamila Ribeiro, que j'ai déjà rencontrée à Lille.
 
Lise : La chance !!!!
 
Mihaela : Oui mais on n'a pas eu la chance de diner ensemble (rires). Elle faisait une conférence...
 
Lise : C'est une invitation officielle ?
 
Mihaela : Oui ! Djamila si tu nous entend, viens manger avec nous ! (rires). Elle a beaucoup écrit sur les féministes brésiliennes, les afroféministes brésiliennes. Ses écrits sont très intéressants. J'en profite par la même occasion pour faire un petit lien avec la maison d'édition Anacaona où vous pouvez trouver ses livres. C'est une maison d'édition qui a été créée par Paula Anacaona et qui se trouve à Lille. C'est une maison d'édition spécialisée dans la littérature brésilienne. Vous pouvez y trouver des récits, des essais, de la littérature jeunesse. C'est vraiment extraordinaire parce qu'à chaque fois que j'ai acheté, j'ai lu un livre : c'était vraiment un bouleversement. Ce n'était pas la réalité qu'on connait. 
 
Claire : Ça change de perspectives...
 
Mihaela : Exactement ! C'était extraordinaire. J'ai découvert la situation, par exemple, des esclaves noir.e.s. au Brésil. On le sait, mais quand c'est pas les concerné.e.s qui parlent, c'est différent ! Quand on lit dans les livres d'histoire, c'est différent. Là ce sont les concerné.e.s qui parlent. Il y a vraiment un mouvement au Brésil d'empouvoirement autour de ces sujets là. Ça m’amène à la question d'empouvoirement dont on voulait parler aussi dans cette émission. 

Moment Empouvoirement

Mihaela :
Qu'est ce que l'empouvoirement ? C'est un terme qui a été repris en français du terme empowerment. 
En français on dit empouvoirement, empuissancement, encapacitation. Il y a plein de néologismes. Ça désigne le pouvoir, la capacité d'agir. Ces dernières années je trouve que ce terme a été un peu récupéré par la "start-up nation" pour le vider de son sens. Il a été transformé vers des pratiques individuelles du monde du travail, de carrière, pour transformer ça en un leurre d'épanouissement personnel qui devrait camoufler l'aliénation sociale dans laquelle on baigne, à cause du néolibéralisme. 
Pour moi l'empouvoirement ne pas être individuel. On ne peut pas être sans oppression à titre personnel ou comme je vous disais avant "si je regarde ma situation j'ai l'impression que tout va bien" et si je fais un pas à droite/à gauche... Donc pour moi l'empouvoirement ça doit s'inscrire dans une pensée collective et dans une action collective. Lutter contre toutes les oppressions a pour but de faire une transformation sociale et pas personnelle. Or maintenant tout ce qui est autour du coaching (et je ne remets pas du tout en cause le coaching) mais tout ce qui est autour de ce mouvement là c'est plutôt individuel. 
 
Claire : On perd le point de vue collectif.
 
Mihaela : Exactement ! On a perdu ce mouvement collectif. Or pour moi même en tant que femme, même en tant que personne racisée on ne peut pas être empouvoiré personnellement...
 
Lise : en plus (je me permets de faire une mini parenthèse), non seulement c'est très individuel mais c'est aussi dans des perspectives de productivité. 
 
Mihaela : Exactement !
 
Lise : C'est pour être le plus productif possible, le plus créatif possible. Moi c'est aussi ça qui me pose problème. C'est à dire que le sens de cet empouvoirement à la sauce néolibérale, c'est le fait qu'on puisse donner plus de soi, et faire mieux et encore plus grand.
 
Claire : ...et être encore plus efficace au travail. 
 
Lise : Oui voilà c'est ça ! Et ça c'est vraiment la partie un peu crado de la chose. Pardon Mihaela...
 
Mihaela : Non, c'est exactement ça. C'est oublier qu'on travaille 50 heures par semaine.
 
Lise : C'est ça ! 
 
Mihaela : ...mais qu'on va s'empouvoirer toute seule dans son coin. 
 
Claire : Et que du coup ça va aller ! 
 
Mihaela : Et en quelque sorte tout va bien mais on oublie que ça va pas. Dans ce contexte là je vous conseille le livre de Joice Berthe qui s'apelle "Empowerment et féminisme noire" et qui est aux éditions Anacaona. Joice Berthe est une intellectuelle brésilienne. 
 
Lise : Peut-être que tu peux epeler son nom ? 
 
Mihaela : Oui ! J-O-I-C-E B-E-R-T-H-E ! Mais sinon venez sur notre page facebook. On essaye de mettre les références. 
 
Claire : On mettra les références. 
 
Mihaela : Et on essaira de mettre des références sur la pages facebook de Radio Moulins ! 
 
Claire : Petit moment autopromo ! 
 
Mihaela : Exactement ! Likez les deux pages de Chez Violette et Radio Moulins comme ça vous êtes au courant de tout ! Joice Berthe rappelle aussi la notion de pouvoir, le fait que le pouvoir aussi n'est pas individuel mais aussi doit être collectif. Le pouvoir de classe doit être collectif contre les oppressions. C'est une notion qu'on peut aussi retrouver chez Hannah Arendt si ça vous intéresse, vous pouvez trouver les livres en ligne mais je vous les conseille vraiment parce que quand on réfléchit à ça, toute la notion de sororité du collectif, de co-construire quelque chose ensemble prend aussi une autre dimension. Je pense que le mouvement féministe prend une autre dimension qui est beaucoup plus enrichissante parce qu'on se rend compte qu'on ne peut pas être exempte de toute oppression sans que les autres le soient aussi.
 
Lise : Woaw ! (rires)... C'est difficile de dire quelque chose après ça quand même Mihaela. 
 
Lise : C'était bien! 
 
Mihaela : Merci ! Je reviendrai ! 
 
Lise : Quand Mihaela m'a parlée de cet ouvrage, je me suis sentie hyper triste parce qu'elle m'a dit que non seulement j'avais loupée la rencontre mais j'avais loupée d'autres rencontres organisées par cette maison d'édition. Alors maintenant je compte bien que tu nous informes quand il y aura les rencontres à venir, pour éviter que je sois un peu comment dire frustrée par ce défaut de présence. 
 
Mihaela : Sans faute. Je vous appellerai toutes. 
 
Lise : Génial ! 
 
Mihaela :Doucement on se rapproche vers la fin de notre petite heure ensemble. Est ce que ça a été pour vous? 
 
Claire : Oui oui ! Je me demande si on a pas genre explosé le chronomètre !
 
Lise : Ouais je crois qu'on est assez bavarde en fait ! Que ça marche assez bien. Moi j'avais aussi un peu envie que Claire nous parle de son petit moment, mini moment empouvoirant tout à l'heure. Elle nous a dit juste avant qu'on commence l'émission et ça fait du bien. 
 
Claire : En fait, pour la petite histoire, on s'apprêtait à s'assoir pendant une heure et parler donc tout naturellement j'ai voulu aller aux toilettes. On enregistre dans un endroit, bon vous entendez c'est un peu bruyant, on est dans un bar mais c'est un bar dans lequel je n'étais jamais allée.
 
Lise : Qui s'appelle la Moulinette. 
 
Claire : Qui s'appelle la Moulinette, pardon j'avais oubliée le nom. Et j'étais jamais allée dans ces toilettes. Quand je suis ressortie des toilettes, je leur ai dit "mais c'était trop bien!" pas après ce que j'y ai fait (mais bon faut pas exagérer) mais non seulement il y avait des protections périodiques qui était proposées à la disposition de toute personne qui en ressentirait le besoin et déjà ça c'est rare dans des lieux publics et c'est vraiment, c'est vraiment agréable en fait d'avoir ça à disposition et en plus sur les lavabos il y avait un tag fait au marqueur qui disait " Pas de féminisme sans les trans" .
 
Lise : Ouiii! 
 
Claire : Voila , ouais c'est ça! ça montre tout de suite l'état d'esprit du lieu. On se sent un peu rassurée en fait sur les convictions politiques des gens qui tiennent le lieu et ça fait vraiment du bien. 
 
Lise : Hum. On se sent un peu accueillie! 
 
Claire : C'est ça !  C'est ça , même voila je suis pas concernée par ça parce que je suis cisgenre mais ça fait vraiment du bien de se rendre compte...
 
Lise : ça permet de se dire qu'on peut venir avec tous ses amis sans aucun problème. C'est pas mal. 
 
Claire : C'est ça et même juste le fait que les personnes qui tiennent ce lieu se positionnent sur ça, c'est vraiment cool, je trouve. Donc voila ! 

Remerciements - Mot de la fin

 
Mihaela : D'ailleurs venez si vous ne connaissez pas la Moulinette, c'est Boulevard Victor Hugo à Lille. Venez, venez découvrir ce petit lieu qui est vraiment très sympathique. 
 
Lise : Et on peut les remercier de nous avoir accueillies par exemple. 
 
Mihaela : Oui ! Ben merci la Moulinette si tu nous écoutes, j'espère que oui (rires) Merci, merci à Laurence et à ses collègues. Parce qu'on connait Laurence qui vient aussi de temps en temps chez Violette. Et merci a Radio Moulins qui nous a offert cette possibilité. 
 
Lise : Merci à Pauline ! 
 
Mihaela : Merci à Pauline qui est en régie et qui nous a briefée, qui fait depuis deux ans, je crois, un travail extraordinaire sur Radio Moulins. Avec Aurélien, avec toustes les bénévoles, avec tout le monde. C'est vraiment un super projet donc merci. On est contentes de faire partie de cette aventure.
 
Claire : Ouais on espère que ça vous aura plu. 
 
Mihaela : Ouais ! On espère que vous avez passé un bon moment avec nous, on espère que ça a été enrichissant, que ça vous a donné envie de découvrir les concepts, les notions dont on a parlées, de découvrir Chez Violette, de découvrir d'autres émissions de Radio Moulins. 
 
Lise : Alors on espère surtout qu'on a pas complètement sapées le travail des futures personnes qui viendront vous parler, parce qu'à chaque fois ce seront des gens différents et différentes. Alors nous qui faisons la première émission c'est un peu le crash test. Donc, si vraiment, vous nous avez détesté, s'il vous plait, on vous en supplie, écoutez la seconde émission, peut être que vous l'adorerez, ce sera pas nous donc voila. 
 
Mihaela : C'est bien de le préciser. 
 
Claire : Effectivement. 
 
Mihaela : Merci aussi Claire et Lise 
 
Lise : Merci Mihaela ! Merci beaucoup! A bientôt! 
 
Claire : A bientôt! 
 
Mihaela : A bientôt!
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